[Etude IPEA / Institut de la Maison] Decrypter la perception des styles, pour adapter son offre

Moderne, classique, industriel, rustique, scandinave, oriental… Comment le consommateur final identifie-t-il les styles de mobilier ? Quels sont les styles qui dominent aujourd’hui dans les intérieurs ? Le choix d’un style relève-t-il seulement des goûts esthétiques et des tendances du moment, ou est-il influencé par d’autres facteurs plus profonds, comme par exemple la typologie du logement, avec ou sans cuisine ouverte, avec ou sans baies vitrées dans le salon ? Voici quelques-unes des questions passionnantes, auxquelles l’étude de l’IPEA / Institut de la Maison « Les styles en ameublement et décoration, état des lieux, influences, distribution et perspectives d’avenir », présentée le 18 juin dernier par son directeur général Christophe Gazel, apporte des éléments de réponse. Et pour créer son intérieur, il faut aussi passer à l’acte d’achat, ce qui a étendu le périmètre de l’étude à la perception des différentes enseignes par le consommateur final, en termes de familles de produits et de styles. L’enseignement le plus surprenant de cette étude ? Peut-être le fait que, parmi les critères de choix d’un style, l’esthétique, citée par environ 50 % des ménages interrogés, arrive bien avant le confort (évoqué par 15 % des ménages environ), et la contrainte économique (avancée par 10 % environ)… En définitive, cette étude réalisée en mars 2025 en interrogeant un échantillon de 3 000 ménages, représentatif en termes d’âge, de type de logement, ou encore de CSP, contient une mine d’informations pertinentes pour les acteurs de la fabrication et de la distribution.

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Quels sont les styles qui ont la cote ?

Pour commencer, l’étude a demandé aux consommateurs quel est le style de leur intérieur. Pour ce qui est de leur salon, ceux qui arrivent en première position sont « nature scandinave » et « campagne rustique » (15 % chacun), suivis de « charme romantique », « contemporain design » et « industriel » (autour de 10 %). Pour ce qui est de la chambre parentale, les styles dominants sont aussi « nature scandinave » et « campagne rustique » (15 % chacun), suivis de « contemporain design » (12 %), « charme romantique (8 %), et « voyage ailleurs » (6 %). Avec une réserve de taille : 25 % des ménages interrogés ne se reconnaissent pas dans les styles présentés, et ils sont même 32 % dans ce cas pour la chambre parentale ! Premier constat de l’étude, cela signifie que le vocabulaire utilisé par la distribution n’est pas le même que celui est utilisé par les consommateurs, avec un risque de perte de points de repères, qui se traduit le plus souvent par un désengagement budgétaire. Autre enseignement important : parmi les motivations majeures qui font choisir un style, l’esthétique est un critère qui passe très largement avant les autres (confort, contrainte économique, praticité / fonction).

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Quel est le meuble qui définit le plus le style de la pièce ? Pour le séjour, le canapé / fauteuil arrive largement en tête (40 %), suivi des petits meubles (meubles TV, table basse, 14 %) et des étagères / bibliothèques (12 %). Pour la chambre parentale, c’est le lit qui définit le mieux le style (40 %), suivi de l’armoire / placard / dressing (16 %), de la tête de lit (15 %), et des petits meubles (commode, chevets, 12 %). Quand on demande aux sondés quels styles ils choisiraient – sans contrainte de budget – s’ils pouvaient en changer, ce sont les styles « contemporain design », « nature scandinave » et « charme romantique » qui constituent le tiercé dans l’ordre, aussi bien pour leur salon que pour leur chambre parentale. Pour clore ce premier chapitre, l’IPEA / Institut de la Maison a demandé aux consommateurs quel style ils aimeraient voir revenir… et c’est le style « campagne – provençal » qui arrive en tête pour 45 % des sondés – et même pour plus de 50 % des 20 – 39 ans, qui font preuve d’une certaine nostalgie – suivi des styles « moderne bois « (30 %) et Louis-Philippe (15 %).

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Des sources d’inspiration diversifiees

Pour créer leur intérieur, les consommateurs ont recours à des sources d’inspiration. Mais quelles sont-elles ? « Sur cette question, on constate qu’il n’y a pas de source vraiment dominante, mais qu’elles sont diverses, commente Christophe Gazel. Ce sont même la distribution physique et les lieux publics, en premier lieu les magasins qui arrivent en tête (pour 36 %), car ils se présentent comme la solution la plus simple, et la plus disponible à proximité, ce qui est un bon point pour la distribution qui a donc intérêt à investir dans la mise en scène des produits. » Nous apprenons aussi que les autres sources d’inspiration des consommateurs sont dans l’ordre les médias traditionnels (20 %), les amis et la famille (15 %), Internet (13 %) et les réseaux sociaux (10 %). Les sondés ont ensuite été invités à citer les principales enseignes qu’ils ont consultées pour créer leur intérieur : sans surprise, ce sont les leaders du marché qui arrivent en tête : Ikea (52 %), But (33 %), Conforama (32 %), Maisons du Monde (27 %) et Leroy Merlin (22 %). L’étude établit aussi un palmarès des revues de décoration les plus lues, avec en tête Elle Décoration et Art & Décoration (16 % ex-aequo), tout en montrant que ces magazines ont un lectorat très majoritairement situé chez les plus de 60 ans. A contrario, les 20 – 39 ans sont plus de 50 % à trouver leur inspiration sur les réseaux sociaux, le plus consulté étant Instagram (cité par 60 % des sondés), suivi de Pinterest, Facebook et dans une moindre mesure TikTok. Les 40 – 59 ans ne sont que 30 % à s’inspirer sur les réseaux sociaux, et les plus de 60 ans ne sont que 13 % à les fréquenter.

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Le palmarès des enseignes les plus inspirantes laisse apparaître un quinté Ikea (42 %), Maisons du Monde (23 %) - ces deux acteurs étant majoritairement plébiscités par les 20 – 39 ans – suivies de Conforama et But (13 % chacune), qui recueillent un suffrage majoritaire chez les plus de 60 ans, tandis que les 20 – 39 ans reprennent la main chez Leroy Merlin, classée en cinquième position. L’étude dresse ensuite un très intéressent classement de la perception des enseignes en fonction des différents styles, et en fonction de la rubrique « style » qu’elles proposent. Sans pouvoir citer ici toutes les réponses, on peut indiquer, à titre d’exemple, que ce sont Maisons du Monde et le Bon Coin qui arrivent en tête pour le style « vintage » (derrière les brocantes), tandis qu’Ikea, But et Conforama trustent les premières places pour le style « contemporain design », loin devant des enseignes pourtant plus positionnées dans ce registre comme Ligne Roset ou Habitat. Toujours dans la perception des enseignes, l’étude révèle que seulement 13,7 % des ménages interrogés ont connaissance de configurateurs pour les aider à réaliser l’agencement de leur logement, les plus connus étant, dans l’ordre, celui d’Ikea (38 %), Leroy Merlin (12 %), Kozikaza (7 %), But et Maisons du Monde (3 % pour chacune).

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De la typologie de logement au style de meuble

Dans sa deuxième partie, l’étude se penche sur les différentes pièces de la maison, en établissant que, pour les ménages interrogés, la pièce la mieux décorée est le séjour (pour 71,4 % d’entre eux), suivie de la chambre parentale (10,2 %) et de la cuisine (8,4 %). Surtout, elle établit une corrélation pertinente entre les choix du style du mobilier et l’architecture du logement, en distinguant les logements « classiques » - avec cuisine fermée et sans baies vitrées – et les logements plus modernes, avec cuisine ouverte et baies vitrées, qui correspondent à une tendance plus récente. L’étude met en évidence que l’ambiance « scandinave », est présente dans 24 % des logements avec cuisine ouverte et baie vitrée, et dans seulement 13 % des logements avec cuisine fermée et sans baies vitrées. De même, l’ambiance « minimaliste » est présente dans 22 % des logements avec cuisine ouverte et baie vitrée, et dans seulement 12 % des logements avec cuisine fermée et sans baies vitrées. Or la construction de logements avec cuisine ouverte et baies vitrées dans le salon s’est fortement accélérée depuis la période récente : cette typologie n’est présente que dans 18,6 % des logements qui ont plus de 70 ans, mais elle représente 91,3 % des logements construits il y a moins de 5 ans. En conséquence, les logements avec cuisine ouverte et baies vitrées dans le salon représenteraient aujourd’hui près de 40 % de l’ensemble des foyers. Ainsi, 62,6 % des ménages interrogés déclarent qu’ils ont bien des baies vitrées dans leur salon / séjour, toutes classes d’âge confondues. « Ce n’est pas sans conséquence sur les achats de mobilier, car il y a tout simplement moins de murs disponibles pour mettre des meubles, ce qui explique le succès des styles épurés comme le « scandinave » et le « minimaliste » dans les logements de construction récente, commente Christophe Gazel. Ce sera une tendance majeure dans le futur. »

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[Zooms]

Styles : difficiles a identifier, mais il est important d’en avoir un

Dans l’un des chapitres de l’étude, les auteurs ont présenté aux ménages interrogés des planches réunissant des meubles appartenant tous au même style, en leur demandant précisément de nommer ce style. Un exercice qui est loin d’être simple pour le consommateur final, pour qui c’est l’adjectif de « moderne » qui arrive en première position, pour désigner des styles aussi différents que « contemporain design », « nature scandinave », « voyage ailleurs » ou « chic – art déco ». A contrario, les styles « industriel » et « vintage » semblent davantage identifiables par les clients finaux. Et quand on leur demande quels sont les éléments qui contribuent le plus à définir le style de leur intérieur ? Ce sont les meubles qui arrivent largement en tête (pour 59,6 %), suivis des objets de décoration (40,2 %), des matériaux (38,9%) et des couleurs dominantes (36 %). Les sondés déclarent aussi qu’il est important pour eux d’avoir un style bien défini dans leur logement, en donnant à cette question une note moyenne de 3,35 sur 5 (et même 3,6 sur 5 pour les 20 – 39 ans).

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Quelle enseigne pour quel produit ?

Parmi les nombreuses questions posées dans le cadre de cette étude, on a demandé aux ménages dans quelle enseigne ils se sont rendus pour faire leur achat, en fonction du type de produit recherché, pendant ces trois dernières années. Par exemple, pour la cuisine intégrée, c’est Ikea qui arrive en tête (17 % des ménages), suivi de Leroy Merlin et Cuisinella (9 % chacun), puis de Schmidt (7 %), But et Conforama (6 % chacun)… Le même exercice est reproduit pour la salle de bain, le canapé, le séjour, les tables et chaises, les tapis, les objets de décoration, etc. « Il est significatif de voir que ce sont les leaders du marché qui trustent le plus souvent les premières places – Ikea, But, Conforama, Leroy Merlin – mais pas toujours, commente Christophe Gazel. On voit par exemple que sur le tapis, c’est Amazon qui arrive en deuxième position, et sur l’objet de décoration, Action qui possède 800 magasins en France, talonne Ikea, ce qui révèle une nouvelle concurrence sérieuse. »

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La seconde main conforte sa place

Concernant la provenance de leurs meubles actuels, les ménages interrogés déclarent pour 65 % d’entre eux qu’il s’agit « principalement de neuf », mais ceux qui ont un mélange de neuf et d’occasion sont environ 20 %, et ceux qui ont principalement de l’occasion – brocante, vide-greniers, seconde main – sont environ 12 %. Ces modes d’approvisionnement se répartissent de façon équilibrée dans toutes les tranches d’âge de la population.

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IPEA / Institut de la maison : un partenaire expert pour acteurs de l’ameublement

Établi à Paris depuis 1979, l'IPEA est un institut d'études qui a notamment pour objet de réaliser, publier et commercialiser toute statistique, étude quantitative et prospective sur les marchés de l'ameublement, de l'équipement de la maison et de l'habitat, et d'étudier et engager toute action concourant à une meilleure connaissance de l'évolution de ces marchés et de leurs perspectives. Au fil des années, l'IPEA est devenu « le spécialiste » de l'observation des marchés de l'aménagement et de la décoration de la maison. Les relations nouées avec toutes les sociétés du secteur lui permettent de bénéficier d'informations pointues sur les ventes de produits d'équipement de la maison et de suivre la conjoncture de ces marchés. Ce suivi, associé à des milliers d'enquêtes consommateurs, menées chaque année par l'Institut de la Maison ainsi qu'à son expertise sectorielle et statistique, permettent à cet organisme spécialiste de publier notes et études, afin d'aider ses clients à comprendre et tirer parti des évolutions de leur marché.

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