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Une scénographie signée du collectif Watt.(c) Laurent Hini

25.8.2025

Un nouveau French Design Incubateur « a la carte »

Les créations estampillées Le French Design Incubateur 2025 sont exposées à la galerie parisienne Le French Design jusqu’au 26 septembre. Issues de la nouvelle formule de l’incubateur, désormais accessible en permanence grâce à une plateforme dédiée, et personnalisable par le choix de nombreux modules, elles témoignent de la diversité de la création contemporaine. FRANCOIS SALANNE

Soutenu par le CODIFAB, en partenariat avec l’Ameublement français et le FCBA, Le French Design Incubateur a fait la preuve de son modèle pertinent depuis de nombreuses années, en permettant aux entreprises du secteur du mobilier et de la décoration d’intégrer une démarche de design, qui leur donne l’opportunité de se transformer et de se tourner vers d’autres marchés en développant une nouvelle stratégie. Il n’en oublie pas pour autant de se transformer lui-même, pour répondre de façon toujours plus efficace aux attentes des acteurs du marché. Ainsi, les fabricants et éditeurs ont désormais la possibilité de rejoindre le processus non plus en début d’année, mais à tout moment comme ils le souhaitent, grâce à la plateforme dédiée qui a été créée par Le French Design. Autre nouveauté de 2025, les entreprises de mobilier peuvent désormais bénéficier d’un accompagnement personnalisé, en choisissant des modules correspondant le mieux à leur besoin : sourcing designer, qui remplit la même fonction que le speed dating, R&D, éco-conception, tendance, communication et marketing, ou encore stratégie de marque ou innovation digitale… donnant naissance à un nouvel incubateur « à la carte ». « Grâce à son nouveau service sur-mesure, l’Incubateur du Le French Design attire un panel plus large de fabricants et redouble de créativité. Les objectifs des incubés se développent : plus stratégiques, plus industriels, plus ambitieux et aussi plus durables, commente Jean-Paul Bath, CEO Le French Design. L’Incubateur est un révélateur de leurs savoir-faire et de leur envie de les préserver tout en les transformant pour préparer l’avenir. Le design trouve là son rôle dans toute sa profondeur et capacité de transformation stratégique des entreprises de l’Ameublement français. »

Collection Ostal (Pierre Dubourg, Delavelle).(c) Pose B / Christine Biau

Un designer pour renouveler sa vision du produit

Dans une scénographie brillamment orchestrée par le collectif Watt, composé d’ingénieurs créatifs et de designers climato-actifs, avec un jeu de voilement / dévoilement des créations exposées comme dans un labyrinthe, le prestigieux éditeur historique Airborne – notamment de l’iconique fauteuil AA – expose la nouvelle chaise H, signée du designer Jérémy Bergeaud. Répondant en tout point à un cahier des charges précis établi en tenant compte des attentes exprimées par les quelque 300 revendeurs de la marque, elle affiche une silhouette inédite en acier thermolaqué ou aluminium, habillé de coton ou de batyline Serge Ferrari. Légère, empilable, confortable, elle se distingue par une esthétique inclassable qui tient du fauteuil de cinéaste et de la chaise de plage, et ne laisse pas indifférent. Pour Delavelle, entreprise créée en 2009, le travail du bois massif – notamment le chêne – et la tradition de l’ébénisterie sont sans doute une seconde nature, lui ayant permis l’obtenir le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) en 2017. Tel est le socle sur lequel a travaillé le designer Pierre Dubourg pour créer Ostal, un ensemble de table et bancs aux formes et dimensions généreuses, inspiré du mobilier de ferme et apte à accueillir de grandes tablées. Belles épaisseurs de chêne massif certifié PEFC, bords profilés, et piétement tourné et assemblé par tenons et mortaises plantent le décor de ce mobilier à forte personnalité, associés à un tube d’acier pour les traverses, avec au choix une finition noir canon de fusil ou blanc laqué.

Mobilier pour enfants Le Monstre (Didier Versavel, Weber Industries).

Le design pour ajouter une corde a son arc

Le design est un levier de transformation de l’entreprise, et permet d’aller vers d’autres horizons. C’est ce que montre Weber Industries, fabricant historique de mobilier en kit – chambres d’enfants, adultes et séjours – pour les acteurs de la grande distribution et de l’e-commerce. L’entreprise a pris l’option d’intégrer le design à son modèle économique, en faisant appel au designer Didier Versavel qui a imaginé Le Monstre, une gamme de mobilier pour enfant en MDF laqué, dans un esprit joyeux et coloré, en habillant les façades d’un code graphique leur donnant les visages du « monstre » qui habite les nuits enfantines. Weber Industries se montre ainsi comme une force de proposition capable de se distinguer de la concurrence, et d’apporter plus à ses clients que la simple réponse aux marchés.

Il en est de même pour Marina Studio, une entreprise spécialisée dans la fabrication de sièges rembourrés haut-de-gamme notamment pour l’hôtellerie. Dans le cadre de l’Incubateur, l’entreprise a confié sa direction artistique au studio Louvry & Angioni, qui signe sa première collection très créative - déclinée avec les modèles Pilo, Lithe et Pan pour les canapés, et Otto pour les bancs ottomans – avec l’idée de la proposer aux particuliers. Enfin, Bero n’est pas seulement une chaise de bureau pour le télétravail ou le monde de l’entreprise : ce produit créatif est aussi le symbole d’une collaboration réussie entre deux acteurs du mobilier hybride, Sokoa et La Chaise Française, avec l’appui du Studio BrichetZiegler.

Canapé Pan (Marina Studio, Louvry & Angioni).

Formes revisitees ou inedites

Terminons ce tour d’horizon des produits incubés 2025 avec des créations un peu décalées. C’est ainsi que la maison d’édition Jaùh a développé La Psyché, un miroir sur pied, qui est le premier modèle d’une collection de mobilier algorithmique. Pour le concevoir, l’éditeur a eu recours à Vera, une machine qui ne génère pas - comme peut le faire l’IA - le dessin d’un meuble, mais un ensemble de règles et de contraintes, qu’elle va ensuite interpréter pour générer à chaque fois une pièce unique, impossible à reproduire à l’identique. Le résultat est étonnant : la surface biseautée du miroir vient diffracter la lumière, l’ensemble repose sur un cadre en noyer sombre, dont le revers est gainé de cuir, ce qui fait penser au style Art déco, tout en interrogeant sur le rapport entre la conception technologique et le geste humain. Pour finir, l’entreprise de mobilier urbain TF Urban (Tôlerie Forézienne) s’est emparée du siège Terz – créé par C+B Lefèbvre, dont la version imprimée en 3D est déjà entrée aux collections du Mobilier National – pour développer une version outdoor en tôle d’acier perforée et laquée. Avec ses trois positions (chaise, assis-debout et fauteuil), Terz a été imaginé pour un usage par groupe de 4 à 6 sièges. Au-delà de sa modularité, il offre un parfait exemple à la fois de la versatilité attendue aujourd’hui des espaces (lieux touristiques, d’exposition, parcs...) et de l’aménagement urbain.

Miroir La Psyché (Jaùh, Vera)

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