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5.1.2023

Dominique Mignon, Présidente d’Ecomaison : « Ecomaison va générer une massification et une simplification du recyclage et de l’éco-conception »

Transformation en Ecomaison, nouveaux services pour l’organisation de point de collecte en réponse à la loi AGEC, lancement d’une plateforme pour le don et le réemploi, programme d’incitation à l’éco-conception, création d’un guichet unique pour toutes les filières liées à la maison… les thèmes d’actualité et les chantiers ne manquent pas pour Eco-mobilier, qui n’a de cesse depuis dix ans de promouvoir la collecte et le recyclage des produits en fin de vie. Tour d’horizon avec sa Présidente Dominique Mignon.

L’actualité est riche pour Eco-mobilier, qui vient de changer de nom pour devenir Ecomaison. Quel est le sens de ce changement ?

Déjà en charge de la collecte, du tri, du réemploi et du recyclage des éléments d’ameublement depuis 2011, Eco-mobilier a étendu son activité aux articles de bricolage et de jardin et aux jouets en 2022. Le 30 septembre dernier, nous avons également reçu l’agrément des pouvoirs publics pour organiser la collecte et le recyclage des matériaux non inertes de la filière bâtiment (PMCB). Ces extensions font d’Eco-mobilier l’éco-organisme référent pour toute la maison, qui change de nom pour devenir naturellement Ecomaison. Ces nouveaux agréments sont la reconnaissance des compétences, du professionnalisme et de l’expertise dont nous faisons preuve depuis plus de dix ans. Le Conseil d’administration et les équipes sont fiers de cette confiance qui leur est témoignée.

Pour revenir à la filière meuble, où en sommes-nous aujourd’hui, sur le plan de la collecte et du tri ?

En 2021, nous avions plus de 6 500 adhérents, et avons perçu 310 M€ d’éco-participation. Nous avons collecté 1,2 million de tonnes d’éléments d’ameublement et de literie usagés, qui ont été recyclés à plus de 94 %. Pour mesurer le chemin parcouru, il faut garder en mémoire qu’il y a 10 ans, 100 % des matelas étaient enfouis ! Aujourd’hui, c’est pratiquement l’inverse : nous avons collecté l’année dernière plus de 4 millions de matelas (et autres éléments de literie) que nous avons valorisés à plus de 90 %. Pour autant, il reste encore des produits jetés dans la rue, sur les trottoirs… Pour éviter ces « mauvaises pratiques », nous déployons différents services pour faciliter le bon geste de tri. Par exemple, pour les matelas, nous mettons à disposition des « sacs à matelas », pour que les distributeurs de literie les donnent gratuitement à leurs clients au moment de l’achat. Les clients peuvent ainsi emballer leur vieux matelas et le déposer dans un point de collecte de la façon la plus préservante possible pour la matière, afin d’optimiser son recyclage. Cette initiative a un double intérêt, pédagogique d’abord, par la sensibilisation des utilisateurs, et écologique et sanitaire ensuite, par la préservation de la matière à valoriser.

Quelles sont vos autres initiatives pour optimiser les pratiques ?

Nous travaillons quotidiennement avec l’ensemble de nos partenaires pour améliorer le tri ainsi que le don. Plus cette partie de la chaîne est efficiente, plus l’ensemble de la filière est vertueuse. Par exemple, nous mettons à disposition de tous – particuliers et professionnels – une carte pour géolocaliser les points de collecte. Pour les professionnels, nous avons plusieurs services digitalisés qui simplifient leurs démarches pour l’enlèvement des bennes. Parallèlement à la collecte vers les points de recyclage, nous avons aussi lancé la plateforme du don, un outil numérique créé pour faciliter le don et le réemploi. Accessible à tous les fabricants, distributeurs et points de vente, elle leur permet de publier des annonces d’articles à donner, par unité ou par lot. Les partenaires de l’économie sociale et solidaire peuvent consulter ces annonces et y répondre si une ou plusieurs d’entre elles les intéressent. L’objectif est de favoriser les rapprochements entre distributeurs et associations pour faciliter ce nouveau flux de dons et de réemploi. Nous sommes également dans une démarche d’amélioration continue de notre réseau de points de collecte. C’est un chantier stratégique suite à l’obligation de reprise par les distributeurs inscrite dans la loi anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC). Nous avons développé un outil d’autodiagnostic en ligne spécialement dédié aux distributeurs : selon leur surface de vente ou leur chiffre d’affaires, ils peuvent évaluer en quelques clics leurs obligations en termes de reprise et commander la solution de collecte dont ils ont besoin.

Lire aussi : Ecomaison : le recyclage des matelas, exemple concret des incitations à l’innovation

Au-delà de la collecte, le succès de la filière REP produits d’ameublement passe aussi par un développement de l’éco-conception. Comment agissez-vous dans ce domaine ?

Nous déployons depuis plusieurs années différents dispositifs d’incitation à l’innovation pour transformer le modèle d’économie linéaire qui consiste à « produire, consommer, jeter » en un modèle circulaire qui transforme les produits en fin de vie en matériaux recyclés qui sont réinjectés dans le circuit de production, avec un objectif d’économie de la ressource. Pour accompagner cette transformation des entreprises de production, nous avons mis en place un programme « Innovation for Eco-design » qui fonctionne sur le modèle d’un incubateur : en partenariat avec l’agence experte des éco-matériaux RE(SET), nous sélectionnons des « innovateurs » – c’est-à-dire des producteurs de matériaux innovants issus du recyclage – dans le monde entier, que nous mettons en contact avec nos adhérents pour qu’ils développent ensemble des projets d’innovation et d’éco-conception. Plus globalement, nous consacrons 2 % de notre chiffre d’affaires à l’innovation, ce qui représente 6 M€ en 2021, consacrés au financement d’actions pour l’analyse du cycle de vie, au programme « Innovation for Eco-design », au crédit recyclage ou encore aux incitations – financières et partenariales – à l’incorporation de matières recyclées.

Comment les entreprises peuvent-elles bénéficier d’une éco-modulation ?

Les éco-modulations récompensent les bonnes pratiques, et encouragent les évolutions dans les entreprises. Aujourd’hui, elles concernent déjà plusieurs matériaux : le bois issu de mobiliers usagés et intégré notamment dans des panneaux de particules et les mousses issues de literies usagées et recyclées dans de nouvelles âmes et de nouveaux carénages de matelas. Ces primes d’incorporation de matières recyclées sont proportionnelles au volume intégré dans les produits mis en marché. Ce dispositif a été mis en place il y a deux ans et fonctionne très bien. Pour aller plus loin, nous travaillons actuellement à un élargissement des critères pris en compte, tels que la durée de vie des produits, leur degré de réparabilité… Nous préparons aussi l’extension de ce dispositif à toutes les filières pour lesquelles nous travaillons : jouet, articles de bricolage et de jardin et bien sûr, produits et matériaux de construction du bâtiment. Ainsi, nous favoriserons la création de synergies entre industriels de différents secteurs, accélérant l’innovation en faveur de l’économie circulaire.

Quel message adressez-vous aux metteurs sur le marché qui ne sont pas encore adhérents ?

S’ils ne sont pas encore adhérents, nous les invitons à nous rejoindre pour se mettre le plus rapidement possible en conformité ! En effet, notre rôle en tant qu’éco-organisme est d’assurer une équité pour toutes les entreprises qui mettent sur le marché français des produits pour que la filière de réemploi et de recyclage soit économiquement supportée par tous. C’est pourquoi nous menons des actions auprès des contrevenants qui ne paient pas leur éco-participation. Ce sont des « free riders » qui bénéficient du recyclage des meubles en fin de vie jetés par leurs clients sans y contribuer. Nous avons renforcé notre dispositif d’identification de ces contrevenants, ce qui a permis d’obtenir des résultats significatifs. En 2021, ce sont ainsi 815 entreprises – pour beaucoup d’entre elles présentes sur internet ou encore basées à l’étranger – qui se sont mises en conformité et qui ont contribué à hauteur de 7,6 M€ d’éco-participation (soit 2,5 % de notre chiffre d’affaires). L’outil le plus efficace pour identifier les contrevenants a été déployé en 2020 : nous avons mis en place un « robot » qui visite tous les mois sept places de marché, et qui scanne les vendeurs et les produits, pour repérer les entreprises et vérifier si elles sont adhérentes ou pas. Il est à noter également, concernant les ventes sur le web, qu’à compter de cette année, les places de marché doivent déclarer les mises en marché des vendeurs tiers qui ne sont pas conformes…

L’agrément d’Ecomaison à la filière REP Bâtiment change-t-il quelque chose pour les fabricants de meubles, et pour les agenceurs ?

Couvrir plusieurs filières de réemploi et de recyclage de produits et objets qui concernent l’univers de la maison, c’est la possibilité d’offrir un guichet unique pour les entreprises et donc de simplifier leurs démarches d’adhésion et de déclaration. Nous sommes en effet le seul éco-organisme à proposer la prise en charge de tous les produits et matériaux de la maison, des fondations aux finitions, en passant par les meubles, les articles de bricolage et de jardin, les jouets et aussi les produits et matériaux de construction. Tous ces univers de produits – soumis à différentes filières de recyclage – souvent commercialisés par une même enseigne, sont pris en charge par Ecomaison avec des solutions communes pour la collecte et le recyclage.  Ainsi, les entreprises concernées se simplifient les démarches en choisissant un seul éco-organisme, sans lien de causalité bien sûr, pour se mettre en conformité. Avec un guichet unique, leurs démarches sont simplifiées, les contrats centralisés, les prestations de services analogues… pour une réponse réglementaire complète, cohérente et à haute qualité environnementale. L’extension de notre périmètre d’activité va donc bénéficier à tous nos adhérents, et en premier lieu, à nos adhérents historiques de l’ameublement. D’une logique par filière, nous passons à une logique par matériau, ce qui révolutionne la façon de gérer la collecte, le tri et le recyclage. Si on reprend l’exemple de l’incorporation de matières recyclées, pour la fabrication des panneaux de particules, le gisement ne sera plus limité aux déchets bois de l’ameublement, mais prendra aussi ceux du bâtiment notamment, qui est un grand consommateur de bois.

Comment faire pour les entreprises de la filière meuble qui veulent en savoir plus ?

Un grand nombre d’informations sont disponibles sur notre site internet, réactualisées en permanence, sur lequel elles trouveront le programme de nos actions et les nombreux rendez-vous que nous leur donnons, soit en présentiel lors des événements importants du calendrier, soit en ligne sous forme de webinaires interactifs.

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